Vicki Lowing vit avec trois… crocodiles !
Ils s’appellent Johnie, Fovian et Jilfia. Ce sont les animaux de compagnie de Vicki Lowing, une infirmière vivant à Rockbank, à l’ouest de Melbourne, en Australie. S’ils font la joie de Vicki, ils ont tendance à effrayer les voisins. Car Johnie, Fovian et Jilfia sont trois crocodiles, âgés respectivement de 20, 8 et 9 ans.
« Ne jamais regarder un crocodile dans les yeux car il pense que vous le défiez. »
Voici le premier conseil de Vicki Lowing. Lorsqu’elle ouvre la porte de sa maison, son chat se jette sur elle, le pauvre étant encore en convalescence après s’être fait mordre par un serpent venimeux dans le jardin. À l’intérieur, deux pièces sont consacrées à Johnie et Fovian, des crocodiles freshwater (d’eau douce). Ils sont plutôt petits mais avec un caractère bien trempé.
« Ils se sont tous attachés à quelqu’un en particulier. J’ai recueilli Johnie il y a vingt ans, elle est donc très attachée à moi. Fovian, lui, est attaché à mon fils Andrew et ne m’aime pas vraiment », dit-elle en rigolant et en le prenant dans ses bras pour la photo. Dehors, c’est le territoire de Jilfia, un crocodile marin de 2,50 mètres qui prend le soleil à côté de plusieurs bassins d’eau.
Vicki Lowing espère pouvoir ouvrir un parc pour ses animaux sauvages avec en vedette Jilfia. (Photo : Mélinda Trochu)
30 °C dans la maison
Si la « Croc Lady » est tellement à l’aise avec ses animaux, c’est parce qu’elle a grandi dans une ferme australienne, en Nouvelle-Galles du Sud. « Ma mère m’a appris à respecter les animaux. Elle avait l’habitude de sauver des bébés kangourous. » À 4 ans, l’enfant reçoit son premier lézard. À 10 ans, son premier serpent. Mais depuis l’âge de 6 ans, elle rêve d’avoir un alligator…
« J’avais vu le film An Alligator named Daisy et j’avais adoré. » Il faudra qu’elle attende ses 22 ans avant de voir son rêve se concrétiser. À l’époque, elle achète légalement Rocky – un crocodile, pas un alligator, ce sont en fait deux familles de reptiles différentes – pour 120 dollars. Il décédera en 1995 à cause d’une eau trop froide dans son bassin. « Le vrai danger pour les crocodiles, c’est qu’ils aient froid. Je garde toute l’année dans ma maison une température de 30 °C pour eux. »
Dans de bonnes conditions, les crocodiles peuvent espérer atteindre 100 ans. « J’espère que mon fils Andrew reprendra mes animaux, reconnaît Vicki Lowing. Pendant quinze ans, je me suis occupée d’animaux sauvages blessés en Nouvelle-Galles du Sud. J’étais la seule à le faire dans un rayon de 320 kilomètres. Mon rêve aujourd’hui serait d’ouvrir mon propre parc dédié aux animaux sauvages. Mais je n’ai pas l’argent », soupire-t-elle.
Malgré 30 ans d’expérience, Vicki Lowing fait face à « un monde très masculin ». Elle dépense mensuellement environ 850 € pour l’électricité, l’eau et la nourriture de ses protégés. En riant, elle lance : « Peut-être qu’un riche mécène français pourrait m’aider ? »
Ses serpents à l’école
La cinquantenaire vit avec trois crocodiles, deux chats, quatre tortues, cinq serpents, deux perroquets, des lézards… Elle n’a jamais été mordue, juste « pincée gentiment » par l’un de ses crocodiles. Dans sa cuisine, à côté d’un vivarium, il y a des photos d’elle en Harley Davidson. L’infirmière raconte qu’elle avait l’habitude de promener Johnie en laisse dans son quartier.
À ce jour, elle continue à dormir de temps en temps avec ses crocodiles dans son lit. « Tous mes voisins pensent que je suis folle. Mais j’ai l’habitude », lâche-t-elle. Enfant, déjà, elle avait emmené ses serpents à l’école. Une initiative peu appréciée. « Je suis vraiment passionnée par mes animaux. Je méprise tous ces gens qui font des shows avec leurs serpents juste pour l’argent. »
Grâce à ses crocodiles, elle a souvent bien rigolé. « Un jour, je traversais la frontière entre deux États australiens en voiture. Un policier voulait contrôler mon coffre. Je l’avais prévenu qu’il y avait un crocodile dedans. Il a ouvert, Johnie a sauté en sa direction. Et il m’a juste crié de déguerpir », raconte-elle en rigolant.
« Je les ai recueillis blessés »
Avec deux ex-maris, Vicki Lowing reconnaît qu’il est difficile de trouver un partenaire quand on a pour animaux de compagnie des crocodiles. « Ce sont comme des enfants. Ils sont là. Ils passent avant tout. » Des crocodiles jusque sur ses boucles d’oreilles, la passionnée assure pourtant que ceux-ci ne peuvent être des animaux de compagnie comme les autres. « Je les ai recueillis blessés ou parce que leur propriétaire quittait l’Australie mais ils appartiennent à la vie sauvage. Ce sont des animaux incroyables, tellement intelligents. Ils reconnaissent ma voix et sont très sensibles. »
Grâce à Facebook, elle est en contact avec des passionnés du monde entier. « En Australie, la plupart des gens en lien avec les crocodiles sont les fermiers qui les élèvent pour ensuite les tuer et vendre leur peau », lâche-t-elle d’une voix dégoûtée. Même ici, les crocodiles n’ont pas bonne réputation. « Les gens en ont peur et ne les aiment pas. Ça doit être à cause des films… » Elle s’arrête un instant : « Oui, il faut les craindre mais il faut également les respecter. »
Dans le jardin, Jilfia, 2,50 m, prend le soleil. On n’imagine même pas la surprise qu’un voleur pourrait avoir en passant par là…
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